Muraille de Chine : samedi 20 février 2010

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Muraille de Chine : samedi 20 février 2010

Nouveau messagede Bertrand le 25 Fév 2010, 11:35

Salut !

J'avais promis dans le dernier compte-rendu, une sortie dans un trou propre, vertical, pas trop froid, avec des beaux puits et une rivière au fond... la voilà.

Date : samedi 20 février 2010

Cavité : Perte de la Muraille de Chine

Participants : Gérard, Stéphane, Charlot, Guiche, Isa, Sandrine, Christian, + 2 (SCMB), Alf (SSG), Bertrand (SCASSE)... et j'ai peut-être oublié du monde.

Compte-rendu :

A l'invitation de Gérard Gudefin, dit Gus, voilà que ce samedi je peux venir participer (à ma modeste mesure) au feuilleton spéléo des hivers haut-savoyards qui a démarré il y a trois ans. Je veux parler bien sûr de la belle aventure menée par le SCMB (et la SSG) à la Muraille de Chine, gouffre dont on a pu suivre de semaines en semaines, la fabuleuse exploration.

Comme dans tous les feuilletons, il y a des éléments récurrents qui entourent les personnages. Ainsi les lecteurs assidus savent que l'histoire démarre toujours par le rappel que toute la Gaule est occupée par les romains, sauf un irréductible village... à non çà c'est en Armorique, pas en Haute-Savoie... Ici, l'histoire démarre donc toujours par un rassemblement d'irréductibles explorateurs au PMU des Carroz, tandis que des hordes de skieurs s'abattent sur le reste du pays.
Je me doutais bien que, comme dans tous les récits, il y avait certainement une partie romancée. Mais je ne pensais pas être si vite surpris. Cette histoire de PMU est une fantaisie ! En effet, au lieu de pousser la porte d'un bar de turfistes, me voilà accueillis, avec Stéphane qui est venu me chercher chez moi, dans un beau chalet d'Araches par l'hôte des lieux, Christian, pour prendre un thé, un café, une part de gâteau...  Cependant, même si le cadre est plus cossu, l'affaire démarre bien. Et bientôt, nous sommes rejoint par toute une bande de joyeux drilles. C'est le moment des présentations.
Ensuite, le jour est bien choisi pour que j'atteste qu'en effet les hordes de monchus descendant de station croisent les monchus y montant. C'est en effet pare-choc contre pare-choc que l'on traverse le village embouchonné. Mais heureusement le rythme de l'histoire s'accélère d'un coup... et c'est pas plus mal, car il est déjà pas bien tôt.... et puis, à ce rythme, vous atteindrez jamais la fin du compte-rendu.

Après quelques lacets sur la route enneigée, on s'arrête sur un espace dégagé au profit d'un virage. Raquettes aux pieds, je m'intègre à la troupe qui trace dans la neige fraiche. Le cadre est d'abord bucolique, avant que l'on ne s'enfoncer dans un petit canyon. L'air est frais. Quelques cordes à noeud dénotent néanmoins que le décor va bientôt changer. En effet, au détour d'une congère, au pied de la falaise s'ouvre de manière inattendue une discrète ouverture, où les uns après les autres, chacun plonge vers un autre monde habillé d'obscurité. Au profit d'une anfractuosité, on laisse raquettes et bâtons, désormais inutiles dans ce monde du dessous. Quelques mètres à quatre pattes donnent accès à des échelles qui plongent un peu plus profond. A chaque barreau que l'on descend, tandis que la lumière du jour fini de disparaitre, la température ambiante se fait plus douce. Le brouhaha des équipiers qui se préparent emplit petit à petit la salle qui fait désormais place. Chacun se trouve un espace et déballe ses affaires, enfile combis et baudriers. Les plaisanteries fusent, les mousquetons sonnent, les kits se préparent, les acétos s'allument. A 20m de la surface un autre monde est né.

L'ordre de descente et les objectifs sont fixés. Avec Gérard que je vais suivre aujourd'hui, nous devons aller au bivouac récupérer quelques affaires. Pour cela, le trou commence par une section qu'on me désigne comme un peu étroite (si seulement tous les trous étroits pouvaient étroit comme çà !). Il s'agit d'un méandre entrecoupé de petits puits. Les formes d'érosions sont bien marquées. On rencontre déjà des mini marmites avec des galets. L'enchainement est bien sympathique. On est déjà bien vite à -100m, quand Gus m'annonce "ah... enfin un vrai gouffre" comme si jusqu'à maintenant on n'avait parcouru qu'un méandre sans intérêt. C'est vrai qu'à ce moment, le trou change de caractère. En effet, on va faire chauffer le descendeur et la longe ne sera jamais rangée bien longtemps. Le premier grand puits de 140m inaugure la première rafale de rappels. Quelques petits rappels et ressauts mènent immédiatement au puits du Dragon, suivi du Puits du Bambou. Un aménagement efficace permet de progresser rapidement dans une diaclase qui nous mène au sommet du Jumo, un nouveau puits de 100m, au fond duquel on entends un doux bruit d'eau. Au profit d'un pendule à une vingtaine de mètre du fond, on bifurque vers le réseau du Tibet Libre. Après 2 ou 3 petits puits et une progression dans un méandre, on recoupe la Galerie du Feng Shui, au début de laquelle on trouve le bivouac à -484m d'après la topo.
Nous mangeons en compagnie de Sandrine, puis après avoir bu un petit café et avoir préparé les kits de matériel à remonter pour le retour, nous voilà repartis. Comme on n'est pas spécialement pressés, on en profite pour aller faire une visite dans la rivière Tsangpo. L'endroit est vraiment magnifique. Se marient les concrétionnements variés et fragiles dans une galerie active. Des centaines de fistuleuses jouxtent des remplissages érodés aux formes inattendues. Aux puits des bridés (-503m), il faut se résoudre à faire demi-tour. Nous croisons Christian, aidé d'Isa et Sandrine qui en profite pour faire des photos dans la rivière. Alors que nous rejoignons la base des puits, nous retrouvons Stéphane et Alf qui reviennent du Genghis Khan (un P100 dans le réseau du Tibet Libre) qu'ils ont déséquipé jusqu'aux visites de l'hiver prochain.
Chargé de 2 kits, j'attaque le premier la remontée. Cela fait quelques mois que je n'ai pas enchainé de bonnes longueurs. Mais ici, les longueurs sont bien fractionnées, et on peut souvent remonter en alternatif en profitant que l'on est contre paroi. Après une petite pause au pied du Puits du Dragon où j'ai laissé quelques victuailles à la descente, je repars pour encore près de 200m de remontée sur corde. Etant assez régulier et en bonne forme, la dénivelé s'avale sans trop marquer. Une nouvelle pause vers -100m au pied du premier petit puits, le temps d'avoir des nouvelles de Christian, apportée par les filles qui suivent. Tandis qu'il ressort à son rythme, en compagnie du reste de l'équipe, nous préférons terminer la remontée car, dans l'attente, le froid commence à se faire sentir. Avec les 2 kits dans le méandre je suis vite réchauffé. Bientôt c'est la salle d'entrée. Le temps d'enfiler des fringues sèches et de charger nos sacs de toutes les affaires remontées, et il est temps de partir rejoindre Gus déjà sur la marche retour. Encore un dernier effort à faire pour sortir les encombrants sacs du trou et l'on quittera, jusqu'au prochain épisode, le monde des aventures souterraines.

Nous voilà accueillis dehors par un croissant de lune qui se détache derrière les ombres des sapins nous observant du haut du canyon. Dans cette ambiance féérique, éclairés de nos frontales, telles de petites lucioles, nous traversons ce paysage ouaté. L'esprit encore enthousiasmé par le parcours réalisé, on verrait volontiers glisser entre les sapins un grand lutin sur son traîneau enchanté... Mais la réalité du monde nous rattrape : ce n'est que Gus qui démarre le Range Rover...

Enfin, en guise d'épilogue, sachez que comme toujours dans les aventures de nos passionnés aventuriers, il est de bon ton de dire que l'histoire se termine à trinquer autour de la table d'un bistrot. Mais la légende raconte que cette fois-ci, le champagne a été débouché dans un chalet d'Araches, qui remplace parfois le PMU pour les jours d'affluence de monchus...

A bientôt pour de prochains épisodes,
Bertrand
Bertrand
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